Moi qui pensais avoir fait de la nuit mon terrain de jeux, la grande marelle sur laquelle maladroite je bondis de la terre au ciel en deux coups de caillou, me voici bien ennuyée quand les étoiles brusquées par mon sommeil soudain, réveillent chez mes contemporain.e.s l’envie de brailler dans les rues pour clamer leur joie.
Moi qui jadis si sociable ne parviens plus à respirer le même air que mes semblables, quelle sordide ironie ! Je veille secrètement à l’abris de mes pairs et refuse de voir le monde se mouvoir, ne sors plus de chez moi quand les commerces entrouvrent et décline la presque intégralité des rassemblement nocturnes auxquels je suis conviée. Sont-ce les conséquences des deux mois passés loin du coagulât des vivant.e.s ?




Je jouis désormais d’activités solitaires, j’arpente les sentiers de Balzac pour cueillir l’ortie ou la bardane et me glisse dans l’eau stagnante du lac de Maine isolée de tout.e.s spectateur.ices si ce n’est les canards; préférant partager mes récits par écrit que par quelques bribes orales. Si je daigne faire entendre ma voix, ce n’est que pour la coccinelle, le moustique ou le lapin de garenne, mais uniquement à l’aurore. Quand les allées du parc s’emplissent de promeneur.se.s, je fuis furieusement, effrayée à l’idée de devoir me confronter à la parole d’un.e humain.e.
Je narre virtuellement mes aventures à mes cher.e.s et à quelques inconnu.e.s, partage des photos du front pour illustrer vaguement mes journées, les insomnies me bercent quand ce n’est guère un sommeil de plomb et il me faudrait d’ailleurs ôter celui que j’ai dans l’aile.




Si je ne vis plus entièrement par procuration, j’ai cependant désormais la vie latente. Je décore de vipérine un vase improvisé, illusion de jardin, construis une maquette de péniche et entretiens des épistolaires ibériques, conquistador de pacotille. Parfois, je m’enivre un peu plus que de raison, il y a probablement quelque chose à célébrer quelque part de toute façon…
Rendez-moi le printemps !
Tu écris vraiment bien, j’aime beaucoup… et je ne sais pas si j’ai vraiment le droit de dire ça, étant donné que ça peut être mal pris, alors je t’assure que je ne pense pas du tout à mal en te disant : tu es très jolie.
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Ravie si ma plume te plais, je me délecte de la tienne également. Je me suis permis de partager ton blog avec un ami féru d’alexandrins d’ailleurs 🙂 Quant au compliment concernant mon physique, comment veux-tu que cela soit mal pris avec autant de délicatesse dans la tournure de ta phrase ? ^^ Je te remercie.
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Merci pour ce partage de pérégrinations Bucoliques. Ce lac est fort attirant après cette période loin de la liberté et de la nature. Le calme et les animaux pour seul spectateur, aaaah voilà un sort que j’envie, encore cloisonné dans mon petit foyer citadin…
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C’est de la nature un peu artificielle, mais elle fait cependant office d’écrin de verdure où chante une rivière, tout ça, tout ça, en attendant. J’aimerais aller plus loin. Je te souhaite de pouvoir t’égarer au plus vite.
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