J’offre en pâture l’exuvie de mon sommeil
A l’aube, à la nuit et à chaque insomniaque,
A tous ceux qui désirent ce fardeau opaque
Pour s’abriter un peu des rayons du soleil.
Je fais don de mes songes aux relents vermeil,
A l’encre, à la plume et aux vers élégiaques !
Qu’ils aillent décorer d’étoiles les ressacs
D’une mer tourmentée, désolée de merveilles.
Je promets mes sonnets nauséeux et informes
Aux passants, aux inconnus et aux assoupis
Pour broder leurs paupières tandis qu’ils dorment
Et je lègue ma voix, mes soupirs et mes cris
Aux rives du goût, du toucher et de l’ouïe,
Pour suffoquer enfin la douce exhalaison
Du néant dans lequel j’irai plonger mon âme.
